Le Christ-loup




Je suis passé des dizaines de fois le long de ces vieux murs: j'ai toujours trouvé leurs motifs banals et difficiles, sans intérêt. Hier, la lumière de printemps était forte, il y avait de beaux mirages dans l'eau, pour qui sait voir; aujourd'hui, elle est voilée. Cadrer ces murs est devenu ainsi facile, partout il y a des visions: des motifs abstraits, une douleur à peine perceptible, et dans une ombre le visage d'un vieux christ souffrant.
On ne photographie pas des personnes, ou comme moi des "supports". En eux une lumière vous attend: après avoir longtemps joué à cache-cache, elle devient hallucinogène. Sans le savoir, c'est elle qui vous  attend, qui vous surprend après bien des détours. Après l'avoir photographiée, elle ne disparaît pas tout à fait pour toujours.
1992





Reflets, figures: vers l'abstraction

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